vendredi 20 août 2010

L'absent(e)

Il y a quelque chose de bizarre et troublant à habiter chez des gens qui ne sont pas là, sans les connaître. On les découvre et on imagine leur manière de vivre dans cet univers à leur façon de l'agencer, de ranger.
L'appartement n'est pas fini, apparemment les propriétaires le retapent au fur et à mesure pour le transformer selon leurs goûts, à leur rythme.

Lieu de passage, lieu de vie, cocon pour jours pluvieux. A la première impression on sait qu'on se sentira bien dans cet endroit qui a une âme.

Cordages, caisses de vin devenues étagères, vieilles lampes... des objets de récup traînent ça et là attendant de trouver leur fonction.
Jeux de société et livres ont été posés là sans y penser au gré des soirées des occupants.
Les coquillages ramassés sur la plage sont aujourd'hui des mobiles aériens.
Un tableau longiligne représentant des tulipes illumine la pièce et charge la pièce d'énergie.
Quelques photos discrètes traînent par endroits, les enceintes semblent hors d'âge.
Dans la platine, Moriarty sonne admirablement et m'accompagne pour commencer la soirée.
Dans la caisse de CD, je cherche mes repères dans ce lieu qui n'est pas le mien. Ambiance world c'est pas trop ma came mais je finis par sortir "Doolittle" des Pixies, "Dummy" de Portishead, et "l'Absente" de Yann Tiersen que je garde pour la fin.
Après un premier morceau attendu (j'ai acheté l'album avec la BO d'Amélie Poulain à la sortie du film), je reconnais Dominique A à ma grande surprise. Comment ai-je pu passer à côté de cet abum à ce point ?
Soit, le 1er morceau c'est du Amélie Poulain, mais comment ai-je pu classer le reste de l'album de façon si expéditive comme une ressucée de la BO ?
Voix de Lisa Germano, voix et paroles de Tiersen, Dominique A et Neil Hannon, chaque morceau est un cadeau. Et je me laisse envoûter par "l'Absente", qui résonne étrangement dans ce lieu et à ce moment précis.

"Bagatelle", donc, ce morceau est pour quelqu'un que j'aime et qui traverse une grosse peine d'amour.



Tiens, une petite voix me glisse quatre verités
Qui passent la rampe et gravissent l'escalier
Les jambes tirent et les yeux ont tourné,
Va savoir, où la bouche est tombée

Comme museau levé j'écoute, la voix je la suis,
Top là ! Echangeons des nuits pour des nuits
Du coup l'aube en sort toute retournée,
Le bourreau a du mal a trancher.

Et aussitôt, quelqu'un manque et de rien, le jour est chargé
Et tout peut se charger d'absence.
Rien qui sache mieux qu'elle s'absenter.

Bagatelle, que m'as tu promis ? Où m'as-tu mené ?
Les petites vagues se font vite emportées,

Et morflant, sous cape, comme habitué,
On a vite sa table, ses entrées
Des retours de flamme s'annoncent,
Leurs trains sont attendus,

Ma pancarte est inutile, ils m'ont reconnu,
Dans l'hélice où mes doigts sont passés
Je m'avance l'histoire de bien capter.

Car rien à faire quelqu'un manque et de rien,
Le jour est chargé,
Et tout peut se charger d'absence,
Rien qui sache mieux qu'elle s'absenter