lundi 19 décembre 2011

Billet tardif

Après l'été et son tourbillon de festivals, les arbres ont sorti leur costume de clown pour résister à la tristesse du mois d'octobre.
Sans regret, j'ai retrouvé la tiédeur des salles obscures. Si la cuvée d'été fut agréable, elle n'a fait que permettre de patienter jusqu'à la prochaine moisson. Celle qui se joue en ce moment et permettra de se soûler de mots et guitares distordus.

Agnès Obel était trois à la Carène ce jour d'octobre brestois. Loin de la froideur mormone qui pare ses albums, Agnès Obel est apparue simple et contemporaine, timide derrière son piano, au bout de la scène, faisant face et place aux deux merveilleuses musiciennes (contrebasse et harpe irlandaise) et choristes qui l'accompagnent. Telles trois soeurs au tempérament différent, elles s'accordent à merveille et agissent comme un baume d'apesanteur sur une salle comble envoûtée par la pureté des voix et le son limpide des instruments. Bien plus qu'un écrin, l'acoustique de la Carène est un révélateur efficace.



Chokebore quelques jours plus tard, c'est un autre petit miracle du quotidien. La colère, l'amertume et la déception se concentrent en cette scène, torturent un Troy von Balthazar moins fatigué qu'au mois d'avril dernier. C'est excitant de voir comment dix ans plus tard ils ont adapté leur jeu de scène et renvoient toujours autant d'énergie.



Agnès Obel : http://www.agnesobel.com/
Chokebore : http://www.chokebore.net/

vendredi 11 novembre 2011

GaBLé m'a tuer

Non, j'avais dit plus de festivals ! Fini l'été et ses tournées marathon au soleil couchant "mais-si-on-va-voir-cinq-concerts-d'affilée-tu-vas-voir-c'est-mortel". L'ambiance, sans le son. Ou juste moyen. OK, le bon son des fois, mais jamais exceptionnel (oui, I love la Carène, ce lieu est une perle. Point). Des groupes exsangues, lessivés par leur road manager.

Mention spéciale en aparté à Art Rock, à PJ Harvey et Lou Reed (certains n'ont pas aimé, moi si) aux Vieilles Charrues, aux rares Black Angels et aux bondissants Skip the Use à Saint Nolff. Aucun moment qui n'ait cependant suscité l'extase.

J’avais aussi dit que j’allais arrêter de gribouiller des billets à 3h du mat’.
Et puis voilà, il y a eu cette affiche des Indisciplinées, superbe affiche du vendredi avec Wire et The Fall et The Shoes et Herman Düne.
Et ce soir Baxter Dury. Une invit pour ce soir et hop c’est reparti comme en 40. Je me tape un peu de bornes pour découvrir si la scène vaut l’album.

J’arrive, tournée de bisous, je découvre une salle chaleureuse et un groupe sympatoche. Et blabla. C'est cool, je me sens bien dans cet endroit, comme à la maison. Puis vient GaBLé.
Et là le vent se lève. Paf ! une droite. Tu l’as sentie celle-là ? Paf ! une gauche. On dirait de l’impro mais ce n’est pas de l’impro. Ca a l’air déstructuré mais c’est du millimétré. GaBlé t'emmène où tu ne sais pas et ça te plaît. Trois individus envahissent littéralement la scène sans pour autant bouger dans tous les sens. Bombardée d'uppercuts. Surprise et riant sous cape. Bonheur. Apparition, disparition. Saut. Le jeu de scène est à la limite du statique mais incroyablement efficace. Mimiques, onomatopées, bruits... Présence. Percutant, une richesse musicale et vocale incroyable, j'ai l'impression d'avoir trouvé le lien manquant, l'explication d'une vérité essentielle.

Et voilà comment GaBLé a effacé tout le reste de ma soirée, reléguant Kerenn Ann aux fossiles du rock (seuls les trois premiers morceaux ont passé ma muraille), rendant Baxter Dury emprunté face à leur fraîcheur, racolant du breton le verre de vin à la main et le petit doigt en l'air(puis trop de réverb sur le son, merde c’est fatigant pour les oreilles).
Il me fallait ça pour retrouver cette envie de sauter sur mon clavier (après Agnès Obel et Chokebore cependant, même si je n'ai pas publié). Voilà comment à 4h du mat’, j'écoute leur CD à fond m’en fout suis seule à la maison.
Leur style respire le même bonheur créatif que Chapi Chapo et les petites musiques de pluie.



GaBLé, le site c'est par ici : http://www.gableboulga.com/
Le myspace par là : http://www.myspace.com/gableacute

Merci pour la découverte GaBLé, et à bientôt.

lundi 4 juillet 2011

re-nouveau

Emménager de nouveau. Recommencer sans cesse et s'entourer du minimum vital. Quelques grigris indispensables pour avoir l'illusion de se sentir chez soi. Essayer de rendre familier cet endroit où l'on se sent bien mais où chaque objet a été décidé par un autre.
Inviter des amis pour se sentir moins seul. Chercher ses marques. Et poser son empreinte ultime, sa musique, pour parfaire l'ensemble.

01 Piaghella by zeroegalpetitinterieur

Merci à mon disquaire préféré Dialogues Musiques pour cette découverte.

http://soundcloud.com/zeroegalpetitinterieur/sets/o
http://ojerome.blogspot.com/2010/10/le-disque-est-un-manuscrit.html
http://www.myspace.com/ojeromeo

samedi 2 avril 2011

Les règles de Ladilyke Lily et le pénis de Troy von Balthazar

Avec un titre pareil, racoleur et tout j'ai presque envie de m'arrêter là.
Vous laisser là, balots face à ce titre provocateur sans en expliquer le pourquoi. Hummmm ... tentant.

Il n'y a pourtant pas à creuser bien loin. Hier soir, j'ai fait une infidélité à mes lieux de prédilections brestois. Direction le Manège à Lorient pour les concerts de Ladylike Lily et Troy von Balthazar. Date attendue depuis que j'ai reçu l'info par la newsletter de l'asso MAPL (PUB !).

Première fois en ce lieu dont on m'avait vanté l'acoustique, premier concert auquel j'ai pu assister parmi la belle programmation. Je ne peux que vous inciter à découvrir cette salle à l'occasion d'un concert. Petite certes mais bien agencée, bon son, bonnes lumières, ambiance sympa. Un bâtiment surprenant et magnifique (la prochaine fois j'en fais quelques photos en extérieur). Allez ! la minute Jean-Pierre Coffe est terminée.


En réalité (oui oui j'arrive au titre) je triche à peine. Ladylike Lily que je découvre n'est pas si innocente qu'elle en a l'air. Avant de décaper un peu, je peux dire que oui c'est bien. Le morceau en question, il parle des règles de sa soeur (voyez que je triche à peine). OK il faut oser, même si le thème est la difficulté de tomber enceinte. Que reprocher à cette jeune artiste qui semble savoir où elle va ? Qui amorce un dialogue avec le public alors que c'était apparemment son point faible il y a quelque temps ? Elle reste encore un peu dans sa bulle. Comme elle est dans cette vidéo vous la verrez sur scène. Et ça c'est l'effet loop. Le deuxième effet kiss cool n'est pas si cool. (NB : le monsieur qu'elle remercie au son est un des musiciens de Last Morning Soundtrack, groupe dont j'ai déjà parlé et que j'aime aussi beaucoup). Du bon, du bon !



Continuons la démonstration. Troy von Balthazar (allez voir wikipédia pour le pédigree) n'est pas un nouveau venu. Moins énervé sur scène que lors des concerts de Chokebore, on dirait qu'il roule une grosse pelle au micro quand il chante. Il commence seul sur scène, les yeux fermés (tout le concert quasiment), avec les loops. Ah oui encore des loops, comme disait Orianne (Ladylike Lily), il se passe plein de choses dans sa tête, c'est la façon de les faire sortir. Ben oui mais le résultat sur scène, c'est un artiste qui reste dans sa bulle. Et ça, les bulles, je connais !!!

Bref, le batteur de Chokebore et une bassiste le rejoignent, c'est plus speed. Parfait. Manquait les moments complices entre les membres du groupe que l'on aime tant percevoir. La batterie était bizarrement orientée de travers, sans faire entièrement dos au public malgré tout. Peut-être était-il triste ?
C'était beau, mais il aurait sans doute fallu apporter une longue plume pour les chatouiller un peu et les faire communiquer, c'est à dire "two way direction speech".
et hop ! chopé les yeux ouverts !



En attendant, moi je trouve ça rassurant que les artistes aient les mêmes préoccupations que nous, après tout, et qu'ils l'expriment aussi bien. On se sent moins seul, et on se sent mieux non ?

Allez, bisous !

De belles photos ici : http://www.julianelancou.fr/gallery/troyvonbalthazar/

Une vidéo que j'aime, pleine de petites étoiles et de malice ici



Troy von Balthazar : http://www.troyvonbalthazar.net/
et www.myspace.com/troyvonbalthazar
Ladylike Lily : www.myspace.com/ladylikelily

vendredi 4 mars 2011

Je veux être un chanteur Folk

Parce que si tu es un chanteur Folk, c'est sûr tu as une guitare et personne ne voit que tu as du bide. En fait, tu n'en as pas parce que tu es prof et que tu ne gagnes pas trop bien ta vie sauf pour t'acheter une super guitare et du coup tu manges des pâtes tous les jours. Tu en auras dans 10 ans, à force de boire des bières à la fin des tournées. Et des répets aussi.
En attendant tu peux porter des T-shirt loose mais près du corps (tout est là), et des jeans hors d'âge et rien qu'avec ça c'est vraiment trop la classe.

Regardez pas mes yeux, j'ai pas trop dormi. Juste mon T-shirt
Tu n'es pas obligé de vraiment chanter, tu peux poser une petite réverb comme ça sur ta voix, et ça passe nickel. Et puis tu peux fermer les yeux aussi si tu as des gros cernes de la soirée d'hier, c'est pas grave, c'est folk.

Tu chantes du folk et toi tu peux danser sur scène accroché à ta guitare alors que le public en bas, il peut pas, il n'ose pas parce que c'est du folk, alors on reste stoïque, on ne danse pas sur du folk.

Et comme tu chantes du folk tu peux caser comme ça "the more that I can do is share my loneliness with you", avec un petit air limite entraînant. Alors qu'en fait il vallait mieux ne pas comprendre les paroles cette fois. Ah oui parce qu'un des inconvénients du folk quand même, c'est que contrairement au rock où ça gueule pas mal et où les instruments couvrent souvent la voix du chanteur, là en fait on comprend ce que tu dis. Et ouais.

Après avoir bien plombé l'ambiance, tu vas quand même sussurer "with you", et avec ces deux mots-là tu as le pouvoir de faire évacuer toutes les tensions de la journée. Limite de faire tomber les armes. Moi ce matin, je me sentais plus en jambes pour un bon concert rock, mais là arrivée à 20h30, un concert folk avec la possibilité de s'assoir par terre parce qu'il n'y aura pas trop de monde (ben oui , c'est folk) ça me tentait pas mal avant d'aller dormir. Mais oui mais en fait non.

Ce soir c'était soirée Bretzel à la Carène et j'ai encore oublié mon appareil photo. Ah non ! Pas bretzel, Herzeld, du nom du label strasbourgeois. Il fallait que je place une blague pourrie, c'est fait. OK il y en a plus ? D'accord. Donc c'était soirée Herzfeld, annoncée soirée folk. Ah mais oui mais non. Le folk il a muté, les mecs, il faut se réveiller. Le folk mélange plein de pop, d'électro et même de rock. Faut suivre un peu aussi. Pop Folk. Mais pas que.

Je rate le 1er groupe, Original Folks. Tant pis ils ne passeront pas à la casserole cette fois.

Le suivant c'est The Second of June et franchement blagues à part j'ai accroché. Avec des références maîtrisées, des bonnes ! Cure. Je me suis demandée à un moment  si je ne m'étais pas trompée de soirée avec le Tribute to Joy Division, mais non, c'est la semaine prochaine. Aaron aussi. A ce stade, la soirée était gagnée. A écouter : "June the Third" (le fameux "with you"), "Litany", allez faire un tour sur leur myspace.

On ne peut pas dire que Roméo et Sarah ait réussi le même exploit du 1er coup. J'ai cru qu'on nous la faisait genre "Bonne nuit les petits", puis "dégagez, ya plus rien à voir" avec tour à tour un morceau trèèèèès lent dont le seul élément intéressant que j'ai retenu est la trompette (ok, il y avait aussi la belle voix de la chanteuse) puis un morceau trèèèèès strident et énervant. Et ensuite un morceau pour des vacanciers en Corée qui m'a surtout fait penser à Hawaï mais encore plus à prendre la poudre d'escampette lorsque la chanteuse s'est mise à répèter des mots au synthé. Sur ce, je vois le bassiste qui commence à s'énerver genre danse de saint guy mais juste le haut du corps. Et non il n'est pas sous ecstasy. On dirait qu'il va crier "putain de bordel de merde, c'est pas bientôt fini ces conneries ????" Et là, c'est la classe, un morceau énooooorme, qui part en live genre dans ce qu'il y a de meilleur, entre une impro de jazz ou de Sonic youth. Rien à voir, je sais, mais c'est comme ça que je l'ai vécu. Le morceau qui sauve le reste. Jusque là je me demandais où ils voulaient en venir. Brouillon quoi.

Alors là après c'est THE surprise, pas annoncée. Et ben il fallait RESTER !!! Et c'est ce que j'ai fait, trop cool non ? Herzfeld Orchestra, c'est un mix des trois groupes. Tournante de chanteur, style aléatoire. Ou roulette russe au choix, un coup déprime, un coup festif. C'est dans le festif qu'ils sont meilleurs, il s'amuse et nous aussi, ce bagad strasbourgeois, qui n'est pas sans me rappeler I am from Barcelona.


Label Herzfeld : http://www.myspace.com/herzfeldlabel
A second of June : http://www.myspace.com/asecondofjune
Romeo and Sarah : http://www.myspace.com/romeosarah
Original Folks : http://www.myspace.com/originalfolks

samedi 26 février 2011

Indignez-vous !

Le livret (moins de 30 pages) de Stéphane Hessel paru fin 2010 pour 3 euros (à ce prix-là, ça vaut le coup de se faire une idée) commence tranquillement à faire des petits. On en parle dans Télérama, on en parle à la radio. On le cite en référence lorsque l'on parle d'un écrivain, qui s'indigne justement.
Je ne vais pas faire la présentation de ce jeune militant de 93 ans, d'autres comme wikipédia s'en sont chargés avant moi.

Non, ce qui m'a donné envie de réagir et d'en parler, ce sont les deux émissions que j'ai entendues jeudi sur France Inter et Europe 1.
Jeudi midi, café découverte sur Europe 1 : Brasillac fusillé il y a 66 ans.
Jeudi soir, 5/7 boulevard sur France Inter interview Pierre Daix pour son dernier bouquin, "Des forteresses aux musées" (voir ici la présentation du Monde Livres).
Deux émissions sur des écrivains de la deuxième guerre mondiale, deux personnages aux antipodes, deux destins qui ont le mérite de nous faire réfléchir et qui finalement tendent vers une même conclusion : "seule l'histoire juge qui a raison" dit Brasillac.

Le plus évident, c'est Pierre Daix et son livre que je ne manquerai pas de lire. Il a cotoyé Aragon et Picasso, il a survécu, il était "du bon côté". Mais le communisme et ses charniers ont aujourd'hui montré leurs limites. Se replonger dans notre passé, nous le devons pour construire l'avenir.

Quant à l'émission sur Brasillac, c'est François Maurillac qu'elle me donne envie de lire avant tout. "...L'épuration à Paris presque toute concentrée sur les écrivains ... ce qu'il y a de meilleur en France ne se console pas de la destruction d'une tête pensante, aussi mal qu'elle ait pensé."

Ne l'oublions pas, avec nos grandes idées. Continuons à penser, dire, seuls ceux qui se taisent ont toujours raison. Quand on se trompe en France on en paye les conséquences. On aime lapider les gens, même si ce ne sont plus des pierres que nous utilisons. N'est-ce pas de cela qu'il faut s'indigner pour commencer ?

Avancer avec le respect de l'autre et ne pas oublier que la vérité est ailleurs. Après nous en fait, et sans doute ne la connaîtrons-nous jamais ...

La scène brestoase est dans la place !

Vous aimez la musique, vous vous intéressez à la scène brestoise ? Vous avez un peu de retard à rattraper et besoin d'un décodeur?

Pas de problème, ça se passe par là : http://www.television-generale.net/

TGB propose à travers son Brestorming une chronique de la scène punk/métal/hardcore de 90 à 2000.

Zyva !