lundi 8 mars 2010

very bad trip

On aimerait ne voir que le côté lumineux des gens. Supprimer par la seule force de la pensée la simple possibilité que la méchanceté et la noirceur existent en dehors des livres. Se rassurer en pensant qu'on navigue hors de ces chemins tristes et nauséabonds.

Vivre un vrai polar, glaçant comme une mauvaise descente de trip fait rarement partie des expériences dans la liste des voeux de nouvelle année.

Il suffira pourtant de ce garçon si sympathique qu'on ne connaît pas tant que ça finalement, si possible avec un petit accent des pays de l'est. A qui on fait confiance à cause ou pour une amie.
D'une fille un peu naïve, qui croit un peu son intuition et beaucoup en l'être humain.

Ils ont rendez-vous et elle le trouve accompagné de deux spécimens malfrats d'un genre duquel elle a déjà eu affaire. Pas sympathiques et pas l'air malin. Et ça cause. Affaires justement. Quelques mots sont lâchés "fric", "millions", "buter". Des éléments familiers et contradictoires se télescopent, une discussion à 4 qui se poursuit en tête à tête. Rires nerveux. Une brève analyse de la situation la font passer de l'incrédulité à stupeur et tremblements. Confrontation de "lui-tel-qu'elle-croyait-le-connaître" et "lui-tel-qu'elle-le-voit-là". Le personnage connu débonnaire et souriant s'est transformé en inconnu vindicatif et macho. Abasourdie. Les bruits, les rires et les lumières du bar s'effacent avec son sourire pour laisser place à une sorte d'horreur froide et dégueulasse. Colère. Eclats de voix. Ce n'est pas possible et le déni est alors la seule façon de sauver la mise.

Mais une précédente rencontre soldée par une immense déception a ouvert la brèche de la confiance donnée. Finalement c'est cette précédente rencontre qui rendra possible l'inacceptable et lui permettra d'exister. Et c'est ce côté obscur, celui qu'elle découvre et refuse qui gagne le combat.

La suite c'est qu'elle n'arrive pas à trouver la sortie, comment s'effacer. Quelque chose la retient ou la pousse. Un sentiment d'impuissance. Elle n'a plus la force de rire ni de parler mais donne le change. Elle ne se taira pas et est prête à en assumer les conséquences. Alors que se passera-t'il demain matin, tout à l'heure ? Qui s'est déjà trouvé confronté à la possibilité de sa propre mort se pose forcément la question ce qu'elle pourrait être. Pas celle des autres, juste ou injuste, volontaire ou accidentelle. La sienne. Après tout qu'est ce que c'est ? Juste un moment à passer, pour aller nulle part mais le moins péniblement possible puisque c'est inévitable. Allons.

Un grincement de porte et un frisson irrépressible et durable. Le calme. L'attente. Rien. Elle se lève.

Un café, des confidences, plusieurs explications et une heure plus tard, il ne reste que l'histoire d'un conte à faire peur aux grandes filles. Une histoire nauséeuse incarnée de manière trop réelle.

Le garçon sympathique était à bout. Un mélange de ras-le-bol, pression, fatigue, alcool, excitants. Elle comprend. Mais elle ne pardonne pas. Une nuit d'angoisse ça ne s'oublie pas. Parce qu'est-ce qui a poussé le garçon si sympathique à tenir ce rôle sordide et vouloir faire vivre sa propre souffrance ?

C'est fini. Il reste une sensation, indéfinissable, que tout a changé. Ecrire. Les mots servent à laisser une trace pour ne pas oublier et éviter que la colère ne fasse cet office et s'installe profondément.

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