vendredi 5 mars 2010

technologie et fracture sociale

On lit beaucoup à quel point et à quelle vitesse la technologie change et ce qu'elle peut nous apporter : confort, gain de temps ...

On lit aussi à quel point elle a changé notre vie pour faire de certains d'entre nous des accros geeks en quête permanente de nouveauté. Que cela réponde à une soif de connaissance, de maîtrise ou de nouveauté, chacun est juge.

On parle de fracture numérique, de ceux qui n'ont pas accès au St Graal internet (c'est sûr, la cause est bonne).

On parle aussi de la dépression liée à l'usage d'internet, facteur ou révélateur d'un état d'isolement.

Ce qu'on lit plus rarement, c'est que pour une part infime de la population qui s'y retrouve (quel pourcentage de la population dépasse les usages basiques du web ?), il reste les autres, les laissé-pour compte de la technologie, insensibles à ses sirènes.

On voit déjà à quel point certains métiers ont été révolutionnés : les multi-tâches/mal-payés font partie de notre quotidien. Des tendaNces lourdes pour le journalisme, les communicants, mais pas seulement. Comment les salariés vivent l'évolution de leur poste ? Les techniciens, les ingénieurs sont régulièrement formés par leurs entreprises pour continuer à être productifs. Mais quid du comptable ou du commercial qui voient les outils se multiplier pour "leur faciliter la vie" mais surtout et encore accroître la productivité et la traçabilité.

"Vous n'avez pas travaillé ce matin", voilà ce que sort un jour le chef d'équipe FT à une amie. Si, mais le système étant en rade la veille, finalement pour ne pas perdre de temps elle ne s'en est pas servi. La téléprospection, basée sur une centrale d'appels automatiques : un argumentaire en mains, pas besoin de réfléchir. Mais pas de pause non plus. Tu raccroches, la centrale compose un nouveau numéro.

On ne lit pas comment l'accélération technologique peut accentuer la fracture sociale. Si les entreprises qui réorganisent à tour de bras créent ainsi un mal être chez leurs salariés, qu'en est-il des outils technologiques ? Que se passe-t'il pour ceux qui ne sont pas tombés dans le chaudron et subissent l'ère des nouvelles technologies et leur perpétuelle évolution ?

"Si l’adaptation au changement est un facteur nécessaire de progrès, on ne peut cependant ignorer qu’elle s’accompagne de coûts économiques, sociaux et humains, ceux-ci pouvant expliquer souvent une complaisance, plus ou moins générale, à l’égard des résistances individuelles et collectives qui ne manquent pas de se produire. Les coûts économiques tiennent aux rationalisations et aux restructurations, qui peuvent affecter des pans entiers de l’activité économique, et des régions importantes. Parmi ces coûts économiques qui en découlent, le chômage est le plus grave.
Quant aux coûts humains de l’adaptation, ils frappent les individus qui ne peuvent, du fait de leur âge, de leur formation, de leurs traditions, faire preuve de la mobilité géographique ou professionnelle nécessaire aux transformations requises.
On rencontre là le douloureux problème des « laissés-pour-compte » du progrès. C’est pourquoi on a pu voir se mettre en place, dans les pays affectés par d’importants changements, des politiques dont le but est de réduire leurs coûts ou d’en atténuer les effets négatifs. Elles ne seront cependant efficaces que si elles aident les victimes du changement à s’adapter aux nouvelles conditions de l’activité et si elles, sont temporaires ; sinon, elles tendent à entraîner chez les individus une acceptation passive du changement et à perpétuer des situations artificielles. La politique d’adaptation ne saurait être une politique durable de l’assistance généralisée. (…)
Raymond Barre, « Changer pour progresser », Le Monde, 21 octobre 2003.


Bon voilà tout ce que j'ai trouvé. Apparemment ça n'a pas marché.

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